Noertrange, dont le nom semble provenir du nom personnel de Nordhari, est mentionnée en 1310 comme Nortingen, en 1349 comme Nurteringen, en 1469 comme Nortrenge et en  1473 comme Noirtringen. Le village appartenait toujours à la seigneurie de Wiltz, dont les origines remontent au moins jusqu’au 10e siècle. Jusqu’en 1803, Wiltz, Erpeldange, Weidingen, Roullingen, Nocher, Dahl, Masseler, Buderscheid, Winseler et Noertrange formaient la paroisse de Wiltz. Nous ne savons que peu de choses sur le passé lointain de Noertrange, et le relevé des foyers de 1469 ne mentionne qu’une seule maison. Il résulte du relevé des foyers de 1473 que la seigneurie de Wiltz – englobant Oberwiltz, Nederwiltz, Wydingen, Noirtringen, Erpeldinge, Ruyldingen, Buderscheit, Wynseler, Eschwiller, Merckholtz, Kayne (= Koenerhof), Kuttemberch, Nocheren, Dail (= Dahl), Beren (= Boevange), Nothon, Kuchendorf (= Kaundorf) et Entzenbourren (= Insenborn) – ne comptait que 204 foyers au total, qui devaient payer 122 livres et 8 sols de redevances. En 1495,  Noertrange porte le nom de Neueringen et compte 15 ménages, alors qu’en 1478 deux ménages seulement avaient payé une redevance de guerre au duc de Luxembourg. En 1501, on notait deux ménages libres et onze ménages astreints au servage, qui rapportaient 7,5 unités de taille. En 1525, 8 ménages sont relevés comme appartenant à la seigneurie de Wiltz, 4 ménages reviennent à la mairie de Doncourt (Doncols) et par conséquent à la prévôté de Bastogne. Ce dernier chiffre tombe à 1 en 1528, alors que les noms de six tributaires de Noertrange sont cités à Wiltz: Heynen Thysz, Braissel, Paulus, Johan Mathys, Johan Kauch et Schutzen Endress. Et une remarque souligne: « Ouch synt dey dyst jahre verbrant. » En 1537, Wiltz compte 9 foyers, et Doncols un seul. Nous apprenons qu’en 1598 Theis Claus et consorts vendaient  „die Wahl wiess » près de Winseler à Bermans Johan de Noertrange, au prix de 90 thaler.

Un fait sans importance historique mérite néanmoins d’être évoqué, car il est révélateur de la situation de la population: il s’agit d’un acte établi en 1652, d’après lequel  Anne-Marie de Breiderbach, Dame de Bigonville, vendait à Jean Brass et à son épouse Elsa de Noertrange deux chapons que les habitants de la maison « Wilhelmshauss » dans la même localité lui devaient tous les ans. A l’époque, le nombre des foyers était en baisse, car si on comptait 13 foyers en 1624, il n’en restait plus que 4 en 1656. Et en 1658, le village de Noertrange est déclaré inhabité. Mais un artisan du bâtiment y était établi en 1666; cet homme s’appelait Reinard Schütz et il effectuait des travaux de réparation dans le choeur et dans la maison paroissiale de Niederwiltz. En 1671, la demoiselle Marie Wiltzius vendait sa propriété à Wiltz ainsi que le „Piermans gutt » à Noertrange pour 2000 thaler à Jean Henerici d’Everlange, qui acquérait en 1679 également une partie de la maison dite « das alten Freyheit Meyers Hauss » et de la propriété mentionnée appartenant aux époux Jacques Niederkorn et Madeleine Wiltzius. Ce Jean Henerici était juge à Wiltz, tout comme le père des vendeuses, Adam Wiltzius, qui avait prêté de l’argent à Jean Henrici, ou Henricy, et ce montant était maintenant pris en compte par les vendeurs. Ce « Piermans gutt“ ou ferme de St-Pirmin devait faire l’objet de procès ultérieurs intentés jusqu’en 1762 par Michel Servais, tanneur à Wiltz.

Pour assumer les frais des travaux de couverture de la chapelle de Noertrange, les paroissiens empruntaient 16 thaler à la chapelle d’Erpeldange en 1675.  Il ressort d’un acte daté de 1731 que les dalles couvrant le sol de la chapelle de Wiltz provenaient de carrières près de Noertrange. En 1756, lors de l’établissement d’un inventaire des propriétés des sieurs de Lahye, De Lahaye de Niederwampach, deux « zins männer zu Nörtringen, einer genant Schutz, anderer Wolter » sont mentionnés. Deux ans plus tard, le relevé des fiefs reçus du comte de Wiltz ne mentionne non seulement le censitaire Schutz, mais également un pré situé en contrebas de la forêt de ce dernier. Un certain Claudius Schutz, « vicarius » à Noertrange et âgé de 42 ans, est mentionné comme témoin en 1772 dans le cadre d’une enquête sur la dîme novale concernant le site „im Seiert », où les terres banales de Noertrange et de Grümelscheid se touchaient.

Dès la tombée de la nuit, il valait mieux éviter les alentours de la potence érigée entre Noertrange et Wiltz, car la légende disait qu’on risquait d’y rencontrer des fantômes. Voulant rentrer à Dahl, un musicien parti de Noertrange fit par conséquent un détour, mais près du « grousse Pull » non loin de Dahl, il rencontrait une bande de sorcières. Il se mettait à jouer du violon, et les sorcières sautillaient derrière lui. Mais le musicien s’endormait tout en jouant du violon, et à son réveil il se retrouvait couché au « Hougeriicht », où il avait passé la moitié de la nuit.

Avant la bataille des Ardennes, Noertrange n’avait jamais été le théâtre de grands événements. Mais aujourd’hui les traces de la guerre ont disparu: la charmante localité s’est dotée d’un aérodrome, on y fait le commerce du bois, des briques et des dalles y sont produites pour le secteur de la construction.

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